L'ORANGE, NOTRE PLUS BEL EMBLÈME
L’orange, symbole rayonnant du Maroc, de nos vergers d’Agadir aux traditions festives, incarne une mémoire collective riche et parfumée 🔹Lire la suite🔹
TERRITOIRE & CULTURE
Rédaction Agadir Première
8/15/2025
UNE MÉMOIRE COLLECTIVE
Qu'il soit notre terre natale ou notre pays de coeur, le Maroc est indiciblement lié à de douces sensations... Le parfum troublant de la fleur d'oranger, la saveur acidulée des clémentines, la rondeur sensuelle des oranges, leur insolente abondance sur les étals des marchés... Si notre histoire avec l'orange n'a pas plus d'un siècle, ce fruit aux teintes du soleil couchant fait déjà partie de notre mémoire collective. Pour tout ce que représente l'orange et parce qu'elle est une magnifique ambassadrice de notre pays par-delà les frontières, nous avons voulu lui rendre ici hommage. À la croisée de notre vallée du Souss et de l'océan Atlantique, protégés par l'écrin des montagnes de l'Atlas, les vergers d'agrumes ont trouvé leur jardin d'Éden. Partons ensemble à la découverte de cet emblème de notre région...


UNE ANALYSE VISIONNAIRE
Originaire d'Asie du Sud-est, l'oranger a été introduit au Maroc il y a moins d'un siècle. Un article de juillet 1949, paru dans la revue "Le Chasseur Français", relate l'analyse visionnaire d'André Gaujard (extrait) : "Le Maroc est un pays neuf. ... Chaque année, des centaines d’hectares nouveaux sont plantés en agrumes (oranges, mandarines, clémentines, citrons et pomelos). Mais c’est surtout sur les orangers que l’effort s’est porté. Pour la saison 1947-1948, la production pour le Maroc a été de 55.000 tonnes : c’est peu de chose en réalité, si l’on considère que l’Algérie en a produit 85.000 tonnes ... Pour conclure, disons que les plantations d’agrumes au Maroc sont certainement appelées à un grand avenir ... le commerce intensif en fera une des plus belles richesses de ce pays..." (documentaire, perso.numericable.fr)


DANS LA DOUCEUR DES VERGERS
Sur la route qui mène d'Agadir à Taroudant, une nature triomphante nous fait une haie d'honneur. Le long de la chaîne ininterrompue des montagnes de l'Atlas, nous traversons un charmant paysage de luxuriants vergers agrumicoles. Au coeur de la vallée du Souss, ils couvrent un territoire de 38.840 hectares, selon l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Souss-Massa. Les dernières années ont vu un développement important du secteur, notamment grâce à une irrigation localisée pour économiser l’eau et améliorer la production ; par l’introduction de nouveaux porte-greffes remplaçant celui du bigaradier, sensible à la maladie de la Tristeza ; par l’introduction de nouvelles variétés allongeant la période de production et d’exportation ; et enfin, par la densification des plantations, de 400 à 670 plants par hectare.


NOTRE RÉGION CHAMPIONNE
De par ses conditions idéales aux agrumes, notre Souss domine les autres territoires du Royaume par son volume d'exportation. Les données de l’Établissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE), arrêtées au 25 janvier 2014, révèlent un total de 272.424 tonnes d'agrumes exportés du Souss pour la campagne en cours, soit 76,8% des exports nationaux. En comparaison, 10,7% ont été exportés par la région Centre, soit 37.772 T et 12,5% par l'Oriental, soit 44.308 T. Le secteur reste pourtant soumis aux aléas climatiques. Pour preuve, les chiffres de la campagne 2012/2013 qui témoignent des difficultés éprouvées cette année-là. Le total des exportations d’agrumes, toutes régions confondues, pour la campagne 2012/2013 s'est limitée à 385.199 T, alors que la campagne en cours enregistrait déjà, au 25 janvier, 354.504 T d'exports.


TOP 20 DES STATIONS AGRUMICOLES
L'agriculture, secteur économique phare de notre région, fait la part belle à la production d'agrumes. Plus ou moins anciennes, 22 stations font vivre localement cette activité, sur un total de 49 stations opérationnelles dans le pays. À la mi-janvier 2014, sept stations se démarquaient déjà par leurs exportations : en tête, Kabbage Souss avec près de 26 mille tonnes, Copag avec plus de 21 mille T et M'Brouka, plus de 20 mille T ; Faraj, Limona Souss, Zaouia A et Soussia avaient aussi déjà exporté une moyenne de 17 à 18 mille tonnes. Les stations Aya, Pack Souss, Agrumar Souss et Sofia Sud ont suivi avec une moyenne de 10 à 12 mille tonnes. Avec des exports plus ou moins importants, citons aussi les stations Clementina, Prima Souss, Priagrus, Procit, Rmila, Dagmas, Zineb, Diaf, El Boura, Fadle Export et Agriga Conditionnement.


VOYAGE VERS LES PAYS FROIDS
Depuis des décennies, les agrumes du pays font un grand voyage vers les pays froids. En pleine saison au coeur de l'hiver, l'orange et son losange estampillé "Maroc", sont autant de symboles de soleil et de voyage pour les consommateurs du continent européen, premier importateur de l'orange marocaine. Si l'on considère la part des exportations par marché, toutes variétés confondues, sur le comparatif de l’Établissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE) arrêté au 25 janvier 2014, on constate que les pays d'Europe Centrale et Orientale (Peco) ont absorbé 65,3% des exports nationaux d'agrumes de la campagne en cours, soit 231.469 T et l'Union Européenne 18,2%, soit 64.630 T. Le reste est parti en Amérique du Nord, dont 8,2% vers le Canada, soit 29.246 T et 7% vers les États-Unis, soit 24.869 T.


NOS VARIÉTÉS VEDETTES
Découverte par le Père Clément en Algérie au siècle dernier, la clémentine, petit agrume au goût prononcé et savoureux, remporte tous les suffrages. Dans notre région, comme dans notre pays tout entier, les petits agrumes sont, de loin, les plus exportés et les plus consommés. Selon l'EACCE, l'état de leurs exportations réalisées dans tout le Maroc, au 25-26 janvier, s'élève à 343.125 T alors qu'il n'est que de 10.424 T pour les oranges et de 955 T pour les autres agrumes. Les Clémentines ont totalisé, à elles seules, 280.423 T d'export, la variété Nour 60.830 T et la Nador Cott 3.105 T. D'autres variétés sont cultivées en fonction du climat régional et de l'avancée de la saison. Chez les petits fruits, citons notamment l'Ortanique et la Nova, et chez les oranges, la Navel, la Salustiana, la Sanguine, la Maroc Late...


NOSTALGIE DU GOÛT D'AUTREFOIS
Ici des oranges "à jus", là des oranges "de table", là encore, des clémentines "easy peeler", facile à peler... Derrière cet enthousiasme pour le succès de nos agrumes, un petit bémol. Les connaisseurs estiment que, depuis dix ans, le goût a perdu de sa qualité au profit de la production de masse. La quête de résistance aux maladies par de nouveaux porte-greffes, l'allongement de la période de cueillette pour répondre aux exigences des clients hors saison, l'introduction de variétés étrangères peu goûteuses, en sont les principales raisons. En matière d'agrumes, le Maroc est pourtant privilégié pour son ensoleillement plus long, son climat plus favorable et sa production de variétés de meilleur goût, l'Espagne ayant fait le choix d'une production de masse. Les connaisseurs mettent en garde de perdre cet avantage.


UN CASTING TRÈS SÉVÈRE
Seules les plus belles seront les candidates au voyage. Un conditionnement très sérieux prépare les oranges et clémentines à l'exportation. Calibrées, douchées, séchées, cirées, contrôlées... Elles sont ensuite soigneusement rangées dans des cagettes en carton par des mains habiles. Une station de conditionnement ressemble à une grande ruche où chacun s'affaire selon son expertise. Le fascinant bal des machines, les gestes sûrs des ouvrières... Le tout s'assemble en une fantastique chorégraphie que rien ne semble pouvoir arrêter. En route vers leur destin, des milliers de boules oranges espiègles font la course sur les tapis roulants, avant de prendre place dans des alvéoles où elles patienteront, sagement, jusqu'à leur destination. Mention spéciale pour les cagettes réutilisables en plastique des pays scandinaves.


LES ORANGERIES ARISTOCRATES
Considéré comme un symbole de pouvoir en Europe, notamment en France, l’orange a été, pendant longtemps, un fruit de luxe. Pour obtenir cet agrume d’hiver normalement cultivé dans les régions chaudes, la noblesse et l’aristocratie du 17ème siècle, sous le règne de Louis XIV, faisaient construire d’immenses bâtiments clos, dotés de vastes fenêtres et d’un chauffage dans lesquels les oranges, plantées dans des bacs, étaient abritées du gel pendant la froide saison. Ces abris étaient nommés orangeries. L’orangerie est à distinguer de l’orangeraie qui désigne une plantation d’oranger. Ces grandes bâtisses de l’époque, par leur extravagance, représentaient la touche d’exotisme qui consolidait la puissance de la classe aristocratique. En témoigne l’Orangerie du Château de Versailles, le Musée de l’Orangerie à Paris...


L'Orangerie du Château de Versailles
L'ORANGE DANS NOS VIES
Symbole de fête, de sucre, de bonheur, l'orange est intimement liée à tous les moments de notre vie, dans les grands festins comme dans la simplicité du quotidien. Qui n'a pas souvenir de tranches d'oranges saupoudrées de cannelle... De carottes râpées au jus d'orange... Des kiosques buvettes de notre enfance en forme de grosse orange... Car nous sommes, en effet, les premiers à profiter de la splendide production d'agrumes de notre pays : près des deux-tiers atterrissent sur les étals de nos marchés locaux. Après avoir séduit la Chine, l'Inde et tout le pourtour méditerranéen, la fleur d'oranger est devenue la fragrance signature du Maroc. Salles de mariage et grands hôtels aiment accueillir leurs hôtes sous cette délicate senteur. L'eau de fleur d'oranger donne aussi leur goût inoubliable aux gâteaux cornes de gazelle.


ET SOUS D'AUTRES CIEUX
En Europe, au milieu du siècle dernier, l'orange était si précieuse qu'en recevoir une à Noël était un cadeau merveilleux qui faisait rêver les petits comme les grands. Rien n'était perdu. L'orange était lentement savourée tandis que ses pelures, étalées sur le poêle brûlant, parfumaient la maison de leur senteur acidulée... Le 6 décembre, la Saint-Nicolas est, en Europe du Nord, une tradition toujours pérenne où l'on offre des oranges et du pain d'épices aux enfants. La création de la "pomme d'ambre" fut inspirée par le retour des croisés de leurs expéditions en Orient où l'aromathérapie était courante. La pomme d'ambre est une orange piquée de clous de girofle pour assainir l'air et éloigner insectes et maladies. Elle est encore très appréciée dans les foyers pour son parfum et son aspect décoratif.


LA FÊTE DES ORANGES D'AGADIR
En 1958, notre ville avait une Fête des Oranges... Lisez le récit de cette belle initiative : "Les autorités de la Ville et de la Province décidèrent d'organiser une grande semaine de festivités, la "Semaine Merveilleuse d'Agadir", du 27 avril au 4 mai 1958 ... Des commissions travaillèrent à l'élaboration du programme sur le thème de l'Orange "la belle fille du Souss" pour que "toutes les productions, toutes les corporations, le commerce, l'industrie, la jeunesse, les sports et le magnifique folklore de cette vallée" soient représentés et chantés dans une semaine de liesse" ... "Trois arcs de triomphe furent mis en place sur le boulevard Mohamed V ainsi qu'un magnifique réseau d'éclairage ... La plus importante des sorties fut celle prévue à l'occasion de la "Fête des Oranges" aux Ouled Teïma ..." (Journal Agadir 1958)


LA SEMAINE MERVEILLEUSE DE 1958
"Le Prince Héritier Moulay Hassan arriva à bord de son avion personnel le vendredi en fin de matinée ... Il visita l'Exposition économique du Marché Central de la VN et assista au défilé des chars du Corso qui fut déplacé pour cette occasion. Le Corso, avec le défilé des chars faits d'oranges, attira de nombreux spectateurs qui purent goûter au jus d'orange conservé dans des citernes à l'intérieur des chars ou servi par des traditionnels porteurs d'eau. L'élection de Miss Orange et le bal de clôture eurent beaucoup de succès. Un feu d'artifice mit un point final à la "Semaine Merveilleuse d'Agadir" (Journal Agadir 1958). "En 1959, la Fête de l'Orange fut tout aussi belle avec ses personnages vêtus d'orange, les décorations de la ville et les défilés du Corso. (mfd.agadir.free.fr/vilnouv/evenements/orange)


QUAND L'ORANGE INSPIRE L'ART
L'orange inspirait déjà les affichistes des années 50 ! Vous pouvez admirer ces affiches anciennes rassemblées par le collectionneur Abderrahmane Slaoui ou acheter leur reproduction, ainsi que le livre "L'Affiche Orientaliste" édité par Malika Editions, avec plus de 200 affiches anciennes sur le Maghreb et le monde arabo-musulman. Le Musée Abderrahmane Slaoui de Casablanca est ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h, 12, rue du Parc à Casablanca - Tél.: 05 22 20 62 17 - Les éditions Malika, Tél.: 05 22 20 23 51.
L'affiche ancienne de "l'Orange d'Afrique du Nord" est l'oeuvre de l'Artiste Roland Ansieau (1901-1987) connu pour son style graphique art déco du début du XXe siècle. Très connu pour son affiche publicitaire du Pastis "Berger 45" de 1935, Roland Ansieau a aussi produit diverses illustrations colorées pour un guide saisonnier de Deauville en 1931 "La plage fleurie".




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